Une analyse aux rayons X suggère que le linceul de Turin a 2000 ans
C’est une information importante : une nouvelle analyse, aux rayons X – qui serait plus précise et moins destructrice que la datation carbone 14 – suggère que le linceul de Turin a 2000 ans !
En 1988, la datation au carbone 14 (radiocarbone) du linceul de Turin a révélé que la relique que de nombreux fidèles considèrent comme le linge d’enterrement du Christ a été fabriquée il y a environ 700 ans. Bien que l’étude ait suggéré que le linceul n’était pas authentique, elle n’a guère entamé la foi des milliers de personnes qui se rendent en pèlerinage à Turin, en Italie, pour vénérer la relique. Aujourd’hui, une nouvelle technologie de datation a permis de situer le tissu à l’époque du Christ !
L’étude a été menée par le Dr Liberato de Caro, de l’Institut italien de cristallographie du Conseil national de la recherche, à Bari. M. de Caro a utilisé une méthode connue sous le nom de « Wide-Angle X-ray Scattering » (WAXS), qui mesure le vieillissement naturel de la cellulose de lin et le convertit en temps écoulé depuis la fabrication.
Ce procédé présente plusieurs caractéristiques essentielles qui le rendent plus intéressant que la datation au radiocarbone, notamment le fait qu’il n’est absolument pas destructif pour les échantillons. En outre, la taille de l’échantillon requis pour le WAXS est beaucoup plus petite, puisqu’il suffit d’une portion de tissu d’environ 0,5 mm x 1 mm.
Insuffisance du carbone 14
Dans son rapport, publié sur le site web du département italien des sciences chimiques et des technologies des matériaux, M. de Caro signale quelques lacunes dans la datation par l’analyse au carbone 14. Il note que les échantillons de textile peuvent facilement être contaminés par des substances susceptibles de fausser les résultats. Il a écrit :
Les moisissures et les bactéries qui colonisent les fibres textiles, ainsi que la saleté ou les minéraux contenant du carbone, comme le calcaire, qui y adhèrent, dans les espaces vides entre les fibres qui, à un niveau microscopique, représentent environ 50 % du volume, peuvent être si difficiles à éliminer complètement lors de la phase de nettoyage de l’échantillon, ce qui peut fausser la datation.
M. De Caro note que le tissu peut même s’enrichir de nouveaux échantillons de carbone 14. À ce stade, il devient difficile d’identifier si la datation au carbone a mesuré le tissu original ou une couche de carbone accumulée au fil du temps.
- Lire aussi : Le linceul à l’épreuve du Carbone 14
La datation WAXS
M. De Caro a expliqué que la méthode WAXS a été utilisée sur divers échantillons de textiles historiques dont l’âge a été établi entre 3000 avant et 2000 après Jésus-Christ. Il a comparé le suaire de Turin à ces échantillons et a constaté qu’il correspondait le mieux à un morceau de tissu provenant du siège de Massada, en Israël, en 55-74 après J.-C.
Si ces résultats sont exacts, ils suggèrent que le linceul a été fabriqué à l’époque du Christ, ce qui pourrait signifier qu’il s’agit bien du drap mortuaire de Jésus. Toutefois, M. de Caro a conseillé la prudence, car la nouvelle date est très éloignée de la datation au carbone 14.
Le Dr de Caro a suggéré que l’analyse WAXS soit effectuée par d’autres laboratoires afin de confirmer les résultats. Dans une interview accordée au National Catholic Register, il a déclaré :
La technique de datation du lin par rayons X est non destructive. Elle peut donc être répétée plusieurs fois sur le même échantillon… il serait plus que souhaitable de disposer d’une collection de mesures aux rayons X effectuées par plusieurs laboratoires, sur plusieurs échantillons, de taille tout au plus millimétrique, prélevés sur le Suaire.
M. De Caro a également relevé quelques éléments intéressants qui pourraient aider à retracer l’histoire du linceul et sa migration du Moyen-Orient vers l’Europe. Il a noté que les échantillons du linceul contenaient des échantillons de pollen de l’ancienne région de Palestine, qui n’ont pas pu être prélevés en Europe. Ce seul facteur suggère que le linceul de Turin a passé beaucoup de temps au Moyen-Orient.
Lire aussi :
- L’étude complète de M. de Caro sur son analyse WAXS du suaire de Turin
- L’intégralité de son entretien avec le National Catholic Register
Pour aller plus loin :
- Pourquoi l’analyse au carbone 14 est-elle contestée ?
- Le linceul à l’épreuve du Carbone 14
- Contre-point : le carbone 14 et le linceul de Turin, l’analyse du physicien
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