Le linceul de Turin porte-t-il la trace de la Résurrection ?
Dans le chapitre consacré à la résurrection du Christ de son livre Jésus, l’historien Jean-Christian Petitfils tente de répondre à la question Le Linceul de Turin porte-t-il la trace de la Résurrection ? Dernier élément de notre dossier de décryptage.
Ce subit éclair, fulguration violente, serait-il le « flash » de la Résurrection ? Cela nous ramène évidemment au linceul de Turin et au mystère de la formation de cette image acheiropoïète, c’est-à-dire non faite de main d’homme, dont on a toute raison de croire à l’authenticité. Serait-ce donc, comme le pensent certains, la trace matérielle de la Résurrection ?
Comment les empreintes se sont-elles formées ?
Toute la question est de savoir comment les empreintes énigmatiques du linceul se sont formées. II peut s’agir, bien entendu, d’un phénomène naturel dû aux effets de la déshydratation ou à des vapeurs ammoniacales produites par la fermentation de l’urée mêlant aux substances aromatiques funéraire l’aloès et la myrrhe. C’est la thèse de la vaporographie qui a été soutenue par certains chercheurs. Le fait qu’en 1901-1902, lors des fouilles d’Antinoë, en haute Egypte (l’actuelle Cheikh Abadeh), on trouva sur un voile de lin des empreintes brunes représentant le visage d’une femme morte près de deux mile ans plus tôt. Cela dit, les traits sont loin d’avoir la parfaite et fascinante netteté de ceux du linceul de Turin. Il en va de même du linge trouvé sur le visage de saint Charbel Makhlouf au Liban, mort en 1898, où les taches 0nt des formes assez grossières.
D’autres hypothèses ont été émises. Pour certains, l’image se serait lentement formée pendant des années, voire des décennies, comme cela arrive dans les vieux herbiers, bien après que les feuilles séchées ont été ont été retirées (1). Ce phénomène donne des résultats assez semblables (absence de fluorescence ultra-violette, tridimensionnalité, négativité.…), mais n’explique pas que l’image se soit projetée de face plane, ni qu’elle ait pu être enregistrée après un séjour du corps de moins de quarante heures dans ses plis. Faut-il alors avoir recours à des explications surnaturelles : une fulguration, un éclair, un flux d’énergie inconnu, une lumière d’une blancheur éclatante, analogue à celle de la Transfiguration ?
D’aucuns ont parlé de radiations électromagnétiques, de champs électriques, voire de radiations nucléaires (épargnant Jérusalem ?!).
Une radiation mystérieuse ?
Pour le père Jean-Baptiste Rinaudo, maître de conférences à la faculté de médecine de Montpellier, le linceul aurait été mystérieusement irradié par un double bombardement de protons et de neutrons, provenant de la désintégration des noyaux de deutérium présents dans le corps, le tout provoquant le léger roussissement à la surface du drap et son rajeunissement (2).
Malgré plusieurs tentatives de modélisation, l’intervention d’une telle force mystérieuse reste à prouver. À la vérité, aucune théorie à l’heure actuelle ne rend compte exactement de la façon dont s’est formée l’image, une image que jamais personne n’a pu reproduire à l’identique. Force est de reconnaître que celle-ci est due à un phénomène physique encore inconnu au XXIe siècle.
Bien des étrangetés demeurent inexplicables. Sur le linceul de Turin, l’empreinte dorsale présente la même intensité de couleur que l’empreinte faciale, sans aucun empâtement. Or, si l’on tient compte du contact et du poids du corps, elle devrait être écrasée et floue. Les cheveux eux-mêmes ne tombent pas en arrière. Tout se passe comme si l’image s’était imprimée sur le drap alors que le corps se trouvait en état d’apesanteur, sur un linge tendu à plat, sans épouser le modelé du corps, à la différence des taches de sang (3). C’est à peine croyable !
- Lire aussi cet article de notre enquête à mener en ligne : Comment l’image s’est-elle formée sur le linceul ?
D’autres faits troublants…
D’autres données sont aussi certaines et tout aussi mystérieuses. Le corps n’a pas séjourné dans le linceul plus de trente-six à trente-neuf heures. Au-delà, des traces de métabolites de décomposition (aux lèvres, au
ventre et sur les caillots de sang) auraient été repérées. Or, il n’en est rien. Seconde donnée, le corps semble
s’être dématérialisé de l’intérieur, laissant le linceul s’affaisser sur le vide. Enfin, il n’est fourni aucune explication scientifique au fait, observable physiquement, que les caillots des blessures, séchés à la descente de croix, se sont ramollis dans la nuit tombeau, et ont collé au linge, avec des contours très nets.
Certains correspondent à des hémorragies artérielles ou veineuses et à des écoulements post mortem. La précision de ces coulées, disent les spécialistes, correspond au millimètre près aux veines atteintes.
Si des mains étrangères avaient essayé de sortir le corps du drap, nul doute que leurs gestes auraient laissé des traces d’étirement, des traînées rouges ou des bavures, brouillant les bords des tâches.
Or, les empreintes demeurent absolument intactes, dans leur perfection anatomique. Le corps en quittant le linge n’a dérangé aucune des fibrines de sang ni même les fibrilles du lin (4).
C’est un phénomène physiologiquement inexplicable à l’heure actuelle. Un des spécialistes américains du linceul, Alan Whanger, va plus loin encore : il assure que, par sa méthode de polarisation de l’image (PIOT), on peut voir les ligaments des mains, les dents et les os du visage, comme si le linceul en s’affaissant avait scanné le corps de Jésus. Le propos est troublant, certes, mais il mériterait d’être vérifié objectivement par une équipe pluridisciplisnaire.
Pour répondre à la question initiale, le linceul de Turin porte-t-il la trace de la Résurrection ?
De là à affirmer péremptoirement la matérialités vérifiable de la Résurrection, il y a un pas dangereux à franchir. Pour le croyant, en effet, à supposer que la disparition du corps ait laissé des traces matérielles repérables, la Résurrection est avant tout un acte de foi, que l’on ne peut concevoir que dans la plénitude de la Révélation. Ne pas l’admettre serait porter atteinte au libre arbitre.
Pour aller plus loin :
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Notes
(1) Marie Grazia Siliato, Contre-enquête sur le Saint Suaire, Paris, Plon-Desclée de Brouwer, 1998.
(2) Jean-Baptiste Rinaudo, Nouveau mécanisme de formation de l’image sur le linceul de Turin ayant pu entraîner une fausse radiodatation médiévale, Actes du symposium scientifique international du CIELT à Rome en 1993, op. cit.
(3) Jean Lévêque et René Pugeault, Le Saint Suaire revisité, Paris, Sarment-éd. du Jubilé, 2003, p. 151-152.
(4) Dominique Daguet, Le linceul du ressuscité, p. 31.